Les fractales sont des courbes, des surfaces ou des volumes, reproduits selon les mêmes lois à des échelles différentes.
Un bon exemple est le chou-fleur, composé lui-même de petits chou-fleurs, eux même composés d'encore plus petits chou-fleurs. Une forme déterminée reproduite côte et à côte et à l'intérieur d'elle même dans une échelle de plus en plus réduite. |
Le concept de fractale nous intéresse dans le cadre de la méthode Feldenkrais pour ce qui concerne le corps humain, qui peut-être observé d'un point de vue global (essentiel de notre point de vue Feldenkrais, chacune des parties de notre corps étant interconnectée aux autres, d'un point de vue squelettique, musculaire, neurologique, circulatoire, fascias, ...) mais aussi en différenciant des sous-ensembles de notre corps, nos membres, nos doigts, qui ont certaines similitudes.
Exemple, chacun de nos doigts et orteils possède son squelette, ses articulations, sa peau, ses muscles, son système circulatoire. Nos doigts se ressemblent les uns les autres, bien qu'ayant des différences (les gros orteils et les pouces ont une phalange de moins, les orteils sont relativement différents des doigts de nos mains).
Passons à l'échelle supérieure. Nous avons deux bras, deux jambes, qui chacun contiennent le sous-ensemble main et pied avec les doigts et orteils, qui possèdent eux même un squelette, des articulations, des muscles etc. Il y a en fait des similitudes entre un doigt et un bras, qui peuvent se plier, s'allonger, s'enrouler, pareils et différents tout à la fois.
Fonctionnellement parlant, vos doigts dépendent de votre bras. Selon ce que vous voulez faire, vous contracterez dans un geste global les muscles de votre bras et ceux qui commandent votre main et vos doigts, ou vous différencierez votre bras de vos doigts, mais même dans ce cas, vos doigts restent connectés à votre bras et interagissent avec celui-ci, vos doigts et votre bras faisant partie du même ensemble, vous-même, un organisme vivant évolué.
En passant à une échelle encore supérieure, ou peut comparer l'un de vos membres, contenant un squelette, des muscles, des nerfs, etc, avec votre tronc, qui peut lui aussi se mettre en flexion ou en extension, s'enrouler (l'ensemble fémur-tibia-péronné ou humérus-radius-cubitus étant comparé à votre colonne vertébrale)
Ces parallèles entre nos organes petits et grands est pertinent pour prendre conscience de notre corps en mouvement. Il est très difficile d'avoir une jambe ou un orteil souple si notre colonne vertébrale ne l'est guère, ou vice versa. En explorant la mobilité d'un doigt ou d'un coude nous agissons sur le tonus de notre épaule ou de notre dos. Nous pouvons jouer à loisir avec ces différents éléments imbriqués les uns dans les autres pour ré-étalonner l'usage que nous faisons de nous-même.
J'enseigne par exemple une leçon ou je propose aux élèves de plier / déplier un doigt, puis un autre, ensuite un bras, deux bras, deux jambes, les quatre membres et la colonne tout à la fois, en imaginant que l'ensemble de notre corps soit une main géante (Nos quatre membres et notre tête formant les cinq membres de la main géante, notre dos étant la paume de cette main géante.) Cette leçon, très ludique permet d'explorer de nombreux registres. Quelqu'un qui s'utilise efficacement aura la sensation que ce n'est pas plus difficile de plier un bras qu'un doigt ou de se mettre en boule, chaque partie disposant de muscles de taille proportionnée à l'effort à fournir, de très petits muscles pour plier un doigt, des muscles moyens pour plier le bras, un ensemble de muscles puissants pour enrouler notre colonne vertébrale. |
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Dans le cadre de la méthode Feldenkrais, nous faisons de multiples aller-retour entre les détails et l'ensemble, différentiation et globalisation sont complémentaires pendant notre apprentissage Feldenkrais. Par exemple nous pourrons pendant une heure explorer la mobilité de notre petit doigt, de chacune des phalanges, individuellement et globalement, mais nous ne manquerons pas de prendre conscience que ce petit doigt fait partie d'un autre organe, notre main, ainsi nous observerons qu''il est relativement difficile de mobiliser un seul doigt sans bouger les autres, sans inter-agir avec la paume de notre main, et nous consacreront du temps à connecter notre petit doigt et notre main à notre bras et à notre colonne vertébrale. Une doigt ne peut pas être précis et confortable si la main ne l'est pas, ainsi que le bras, l'épaule, le dos... |
Toutes les parties de notre corps interagissent en permanence les unes avec les autres, ainsi faire un mouvement coordonné est extrêmement complexe. Heureusement, notre apprentissage du mouvement (pendant notre enfance) se fait naturellement, en jouant, durant des années, et au fur et à mesure des acquis, nos mouvements redeviennent inconscients, nous n'avons plus à nous préoccuper de comment on fait pour plier un petit doigt ou attraper un ballon, on le fait tout simplement.
Si nous rendons à nouveau conscient cet apprentissage avec la méthode Feldenkrais, ce n'est que provisoire, pendant l'apprentissage, pour réapprendre justement, aussi facilement et agréablement que nous le faisions en nous appropriant notre corps d'enfant, en découvrant comment coordonner les parties de notre corps entre elles, doigts, mains, membres, colonne vertébrale, tête, yeux, pour être ou redevenir efficace, tout simplement...