Un jour, je me suis inscrit à un cours de "gymnastique douce".
Sans le savoir, je commençais à m'initier à la méthode Feldenkrais. Gymnastique-douce, anti-gymnastique... Ces termes parlent plus au public qu'un mot bizarre comme "Feldenkrais".
Effectivement, en pratiquant la méthode Feldenkrais, on fait la plupart du temps des mouvements doux, et on peut aussi dire que ce n'est pas de la gymnastique, de là à parler d'anti-gymnastique, je n'irai pas si loin. Nous, praticiens Feldenkrais, nous nous méfions des termes trop catégoriques. Nous n'enseignons pas une gymnastique, mais n'avons rien contre la gymnastique, au contraire ! Tout sport est bon pour la santé quand il est pratiqué avec bon sens, c'est à dire avec respect et sans excès.
Donc, la méthode Feldenkrais n'est pas un sport, on n'y fait pas des mouvements pour se muscler, ni pour s'assouplir (on va pourtant gagner en souplesse, mais sans s'être "tiré dessus", par un processus d'apprentissage sensoriel et de recherche du mouvement plaisir.). On y fait des mouvements pour améliorer notre sens kinesthésique, ce qui aura pour conséquences de bouger plus efficacement, sans lutter contre soi-même à cause des muscles antagonistes qui ne se relâchent pas à bon escient, en ne se focalisant pas sur la partie déjà la plus mobile et efficace (ou la partie douloureuse, mais en répartissant le mouvement plus harmonieusement tout le long de notre colonne vertébrale, en utilisant plus (ou mieux) notre épaule, notre dos...
C'est un processus d'apprentissage sensoriel. Notre cerveau commande un mouvement, des capteurs sensoriels dans nos muscles et notre corps renseignent à chaque instant notre cerveau sur l'avancement du dit mouvement. Cette boucle d'information sensorimoteur entre notre cerveau et nos muscles fonctionne plus ou moins bien pour chacun de nous.
Dès l'enfance, notre apprentissage du mouvement (qui se fait naturellement sans aide extérieure) a été perturbé, nous nous sommes fait mal en jouant, pour bien faire nos parents ont voulu nous faire marcher trop tôt alors que nous n'étions pas prêts, etc. Plus tard, nous avons eu un accident de voiture, juste avant le choc nos muscles dans un réflex de protection se sont contractés, mais des années plus tard il reste des traces de cette contraction qui n'a pas entièrement disparu. Le stress aussi joue sur notre tonus musculaire et perturbe le fonctionnement de cette boucle sensori-moteur.
Donc, vous qui faites du sport, grâce à la méthode Feldenkrais, vous pourrez augmenter vos performances, ou vous préserver, ou les deux !
Bien des fois, j'ai entendu dire "relâche toi", "sois plus souple". Mais sans aucune explication cela ne sert à presque rien ! Qu'est-ce que vous faite quand votre moniteur sportif vous dit de vous relâcher ? Vous savez quoi faire ? Personnellement, pendant des années je ne savais pas quoi faire. En apprenant par petites touches successives à sentir notre corps en mouvement, à prendre en compte nos tensions inconscientes, en explorant plusieurs chemins pour un même geste, petit à petit nous comprenons quoi faire pour lâcher prise, et il serait plus judicieux de dire quoi "ne pas faire", car pour se relâcher, il ne faut pas faire quelque chose, mais arrêter de faire (arrêter de contracter des muscles) !
Bien des fois des personnes viennent me voir et sont persuadées qu'elles doivent se muscler car elles fatiguent énormément (ou anormalement) en faisant du sport (ou même pour les gestes du quotidien). Souvent, il suffit de toucher ses personnes pour constater qu'elles ne manquent pas de muscles, bien au contraire, leurs muscles sont parfois durs comme du bois. La solution est au contraire d'apprendre (ce qui n'est pas si facile), à lâcher prise.